La dématérialisation des factures fait partie des chantiers de la transition numérique engagés par le gouvernement depuis plusieurs années. Il s’agit d’une procédure déjà en vigueur dans plusieurs pays européens dont l’Italie. Une facture électronique est émise, transmise et reçue dans un format dématérialisé. Afin de porter un terme aux échanges sous format papier, les entreprises auront entre 2024 et 2026 pour mettre en place le nouveau mode opératoire. Que dit exactement la loi ? Quelles seront les conditions de mise en œuvre par les entreprises ?
La dématérialisation des factures n’est pas une nouvelle chose pour les entreprises qui travaillent déjà avec les entités du secteur public. En effet, depuis le 1er janvier 2020, les entreprises établies en France et assujetties à la TVA ont l’obligation de leur adresser des factures électroniques ou « e-invoicing ». Cette disposition était prévue par la directive 2014/55/EU. Entre 2017 et 2020, 140 M de factures ont ainsi été échangées en France.
L’ordonnance du 15 septembre 2021 donne un cadre juridique à la généralisation du dispositif à l’ensemble du secteur privé. Le déploiement sera progressif en fonction de la taille des entreprises pour permettre à chacune de s’adapter aux nouveaux modes opératoires :
L’ordonnance du 15 septembre 2021 prévoit également que les entreprises auront le choix entre deux solutions :
Les plateformes partenaires auront l’obligation de se faire immatriculer auprès de l’État pour une durée de 3 ans renouvelable.
Les plateformes de facturation électronique auront plusieurs missions :
Le dispositif a fait l’objet d’une concertation entre l’État et les entreprises. Il en est ressorti un discours « gagnant-gagnant » concernant le passage à la facturation électronique. En effet, la réforme a plusieurs objectifs :
Le saviez-vous ? Le dispositif s’appliquera également aux départements d’outre-mer pour les opérations assujetties à la TVA. Lorsque les opérations ne sont pas assujetties à la TVA (notamment à Mayotte et en Guyane), elles entrent malgré tout dans le dispositif d’e-reporting.
Trois types de formats électroniques concernant les solutions de dématérialisation existent actuellement :
Pour des raisons d’efficacité et de sécurité, la Banque de France préconise néanmoins les factures structurées et hybrides au détriment du format non structuré.
Par ailleurs, pour être conformes à la réglementation, les entreprises devront :
Il est aussi exigé que soient garanties l’intégrité du contenu et l’authenticité de l’origine de la facture électronique. Un des moyens de garantie suivant devra être mis en place :
La mise en place des factures électroniques structurées ou hybrides nécessite une phase d’ajustement entre les parties. En effet, les clients et les fournisseurs ont souvent leurs propres spécificités. Pour cette raison, l’Union européenne a produit la norme EN16931. Cette dernière permet aux entreprises qui la mettent en œuvre de diminuer significativement le coût du projet de dématérialisation et de réduire le temps de traitement des données de factures. Il s’agit également de mutualiser les investissements informatiques.
Il existe aussi des cas où l’entreprise réceptrice de factures papier les numérise pour les traiter de façon dématérialisée. Il ne s’agit pas de factures électroniques mais de factures dématérialisées. Actuellement, la réglementation prévoit néanmoins depuis 2017 que les pièces numérisées offrent une preuve de la transaction commerciale et seront admises comme telle en cas de contrôle de l’administration fiscale. Il n’en reste pas moins que ce mode de transmission n’est pas privilégié dans la réforme.
S’agissant de la structure des factures électroniques, elles devront comprendre les mentions juridiques actuellement en vigueur (désignation de l’émetteur et du destinataire, produits et services rendus, etc.).
La conservation des factures électroniques fait aussi partie de la problématique. La réglementation rend obligatoire l’archivage des factures au format numérique au moins pendant 6 ans. Cela concerne également les factures éditées à l’origine sous format papier.
Ainsi, la dématérialisation des factures est un véritable levier de modernisation pour les entreprises et l’État. Le calendrier de mise en œuvre s’étend de 2024 à 2026 en fonction de la taille des entreprises. Par ailleurs, il s’agit d’un véritable projet informatique dans la mesure où plusieurs formats et protocoles sont prévus. Cela plaide pour l’engagement d’une réflexion dès maintenant pour être au rendez-vous de la dématérialisation.
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